bonjour,
je viens de lire, avec plaisir, un roman égyptien (éd. 2003 ) d'un certain
Aala el eswani ( « hallouf » ! ) qui a pour titre ( et pour « héros » et fil conducteur ) «imaret yaakoubiane » ( "immeuble yakoubiane"
عمارة يعقوبيان ).
Osé sur tous les plans, un style simple, réaliste, un regard, original, précis, intéressant et critique... des personnages attachants, des atmosphères crédibles et des « bons » moments d’hésitation humaines et d‘émotions fortes, le tout sur un fond de grande misère sociale et sexuelle et de problèmes politiques graves.
Bref, j'ai bien aimé cet « immeuble » j’y suis entré facilement, j’y ai passé un moment agréable …d’ailleurs il est difficile de s’en « sortir ».
Ce roman est bizarre, il joue avec beaucoup d’ingrédients, surfe sur toutes les vagues, mélange les genres, sujets et tabous, on peut, par moment, se sentir dans un « loft story » tellement l’enfermement ( et donc l’importance de l’espace, de l’intimité, de la spontanéité, du « hasard », et de la « banalité » du quotidien..) cultive un certain voyeurisme.
Il est aussi intéressant, car il est à contre courant dans un pays, , dévoré par le conservatisme, l’intégrisme, et le « retour » de l’ordre moral/religieux encouragé par le pouvoir en place, comme le décrit si bien le roman, et comme j’ai pu le vérifier, personnellement , lors de ma dernière visite en Egypte ( cette tendance « conservatrice » apparaît même dans la fiction égyptienne :cinéma et feuilletons) .
Pour moi tunisien, passionné de cinéma, Ce roman est un peu « l’homme de cendre » version égyptienne et dans lequel un auteur secoue les fondements moraux de la société, règle ses comptes avec toutes les institutions, remet en cause toutes les valeurs, puise dans un réalisme poussé pour dénoncer tous les stéréotypes, essaie de tendre à ses compatriotes un miroir qui reflète réellement et sans complaisance, l’image ( o combien complexe…et négative ! ) de la société égyptienne ( et arabe ), il essaie aussi ( mais ne réussit pas toujours ) de ne pas juger les individus et les comportements et il ramène tous les problèmes sociaux ( individuels et collectifs, antérieurs et actuels ) à l’institution familiale et surtout au système mafieux « politico-religieux » en place.
Argent, sexe, prostitution, violence….frustration, corruption, amour, chômage, guerre ( en Irak )…. et même islamisme armé ( mais présenté d’une manière un peu caricaturale ! ) : tout y est dans ce roman ou plusieurs histoires, époques, sociétés, conflits et enjeux se croisent pour nous (re)dévoiler la nature humaine face aux transformations sociales en cours.
En lisant ce roman ( merci Mohamed ), je n’avais aucune idée sur l’auteur . C’est seulement après, que j’ai appris que le roman a connu un grand succès, a été traduit en plusieurs langues, a fait l’objet d’une grande polémique notamment pour son traitement de la religion, de la politique, de la sexualité ( de l’homosexualité surtout…) , …bref pour son courage à « dire » ce que tout le monde sait et tait .
Ce roman a été adapté pour le cinéma par le jeune «
marwane wahid hamed », qui a choisi plusieurs grandes « stars » dont yosra, nour el cherif, hind sabri et « adel imem », le choix de ce dernier laisse entendre que le roman sera « masrifié » ( avec tout mon respect !) .
Le film est très attendu aussi bien par ceux qui ont aimé le roman que par ceux qui l’ont détesté surtout qu’il a bénéficié d’un grand budget et d’une bonne compagne de promotion alimentée par plusieurs procès en cours !.
vu la difficulté d’adapter ce roman tel qu’imaginé par son auteur, je suis curieux de voir ce qui va rester de cet « immeuble » une fois revisité par la machine Adel imeme qu’on a connue dans d’autres films presque « officiels » et très superficiels genre « el irhab wal kabab » ,( 1992 ) et «le terroriste » ( 1994 ).
عمارة يعقوبيانAuthors:
علاء الأسوانيSoufi/06/09/2005
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